C’est donc après un dernier salsifis pour la route que nous eûmes à affronter le début du voyage, la circulation dans Downtown Chicago, qui fut de loin la pire que nous connûmes sur tout le trajet. Comment décrire l’indescriptible ? Aux heures de pointe, la ville pleine d’entoubeillages (je veux dire par là que c’est vraiment le bazar) cumule les sens uniques de San Francisco et la mauvaise volonté des parisiens (devinez avec quelle capitale française est jumelée Chicago !).
Amis parisiens, préparez votre
réservoir d’insultes, votre collection de gros mots (votre florilège d’injures
et votre anthologie de noms d’oiseaux) pour la voiture qui double dès qu’on
signale qu’on va se déporter sur sa voie (bon, un classique même pour LA)… pour la rue bloquée par un individu stupide qui
s’est trompé de chemin et réfléchit au milieu du passage piéton (il a choisi
pour cela l’heure de pointe)… pour
l’autre rue qui se vide au compte-gouttes infinitésimal de vitesses d’escargot
ou de limace parce que les voitures d’en face s’obstinent à bloquer
l’intersection (oh oh, parisiens ne faites pas les innocents)… pour les
malappris qui tentent de s’insérer dans la file de deux cents mètres pour
éviter de faire la queue comme tout le monde…
Après avoir attendu cinq feux
qu’une place se fasse dans l’intersection, une piétonne se jette sous la
voiture quand le feu passe au vert, et encore, respectons-la car elle a la
politesse et l’instinct de survie de traverser sur le passage piéton,
contrairement à ses concitoyens. Je peux, désormais, dire que les Angelinos,
qui me paraissaient parfois « un peu speed » au volant, sont
extrêmement courtois et logiques dans leur manière de conduire, et prudents sur
le trottoir, qui du reste est toujours vide. Réparer notre klaxon n’aura
finalement pas été superficiel !
Enfin, enfin, on s’extrait
de Chicago, espérant que « la route soit sans (sou)cis, » sortant
d’une ville qui a sans conteste son charme mais aussi ses contradictions et ses
inconvénients : plus de chaleur et moins de soleil qu’à LA, allez savoir
comment la nature a fait son compte ! Sans compter les froids profonds de
l’hiver, la neige et la nécessité de s’enfermer six pieds sous terre pour
résister à l’ère glaciaire des mois de fin et de début d’année. Sans vouloir
non plus afficher de snobisme pour une cité riche d’histoire, de culture et
d’excellence universitaire en latin et en grec, je pense que j’aurais du mal à
y vivre, que j’y serais trop porté au blues par l’attitude souvent
tristounette des gens, ou du moins plus réservée, même si ces impressions sont
peut-être en partie dues au fait que je ne connaisse pas bien la ville, n’y aie
pas mes habitudes, ni non plus d’attaches ou encore de relations.
Mais, puisque sur la 66 comme
ailleurs, l’âme des villes s’entend souvent dans la musique, je ne puis plus
que vous engager à faire suivre la lecture de cet article (à vous en consoler)
par l’écoute d’un son lourd de basses, résonnant entre des murs de brique, aux
interprètes duquel il faut tenter de pardonner d’avoir été blancs :
Sweet home Chicago, des Blues Brothers…
A suivre...
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