Un
fast-food ? Un nouveau fast-food, pour le dîner ? Allez, celui-là en
est à peine un : c’est un « middle-speed-food », où les
hamburgers sont presque faits sur place et les bœufs sont élevés à
quelques prés d’ici, non loin des champs dont le blé s’apprête à réduire ces
pauvres bêtes en sandwiches ronds et mous, miam miam, de même qu’il menace les
porcs voisins de finir en saucisse à hot-dog –la vie est cruelle, dans le pays
de l’Oncle Sam !
Néanmoins,
hélas, je ne me lasse pas, en retrouvant les photos développées sur mon écran,
de jeter quelques coups d’œil sur la forme bizarroïde des pommes de terre qu’on
nous y servait (sorte de croisement improbable de la frite avec sa cousine la
chips), sur la couleur brillante des sodas rougeâtres où une cerise se fait
dorer, sur l’île d’une rondelle de citron vert, à la lumière d’un vieux
néon ; comme je me souviens aussi, dans les vitrines, des coupes de
base-ball remportées par l’équipe des juniors du coin, des collections
de Cadillac en miniature ou de Pontiac des années 50, et des plaques
commémoratives fixées magistralement sur un mur par les défenseurs de la route
66 – protégée car on sait qu’elle fut menacée d’extinction par les autoroutes
en construction (quant aux ours polaires et aux girafes du Sahel, et à la faim
dans le monde, on verra pour plus tard, si on a le temps).
Après le
fast-food, c’est un nouveau motel qui nous accueille : c’est bon, on est
donc toujours sur la vieille 66. Chaque chambre a reçu pour papier peint le
thème d’un continent du monde. Nous tombons en Afrique, et nous rêvons de
brousse, de savane, et des déserts que nous allions sans doute nous aussi
traverser sur un autre continent du monde, comme il est grand le monde !
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